Exposition au Centre Céramique de Giroussens en 2005

La tentation est grande pour les céramistes d’utiliser la très riche palette des couleurs offertes par les émaux de haute et basse température et les différentes techniques de cuisson et de décoration pour « peindre » les objets qu’ils créent. Pour autant la céramique n’est pas la peinture ; les objets sont souvent des volumes et ne peuvent donc être perçus en un seul regard. Le spectateur découvre progressivement la succession, d’abord cachée mais ininterrompue des graphismes et des couleurs. Pourtant la différence la plus fondamentale réside dans la perception, par l’artiste, de son œuvre au fur et à mesure qu’elle s’élabore. Le peintre a une vision instantanée de la matière picturale et peut la transformer à sa guise de façon subtile ou brutale. Sa création est progressive et on pourrait dire qu’elle monte en puissance jusqu’à la maturité. Pour le céramiste, la matière et la couleur ne peuvent être perçues avant la cuisson, mais « il sait que par l’opération du feu d’humbles matériaux peuvent être promus à de somptueuses métamorphoses. » (1) La transition est brutale, définitive, inéluctable. « On se trouve alors devant un art original, lié au regard du potier, situé dans un espace de pure création essentiellement céramique. » (2) Ce sont pourtant des peintres céramistes explorant l’abstraction ou la figuration qui rendent, à l’échelle du temps humain, la peinture éternelle dans le corps de l’argile.

Jean-Pierre CHOLLET

(1) Daniel de Montmollin – Pratique des émaux de grés, préface.

(2) Robert Deblander – La Révue de la Céramique et du Verre. N°49 – nov.-déc. 1989

Les Exposants :

Thierry Basile, Sandy Brown, Jean-Claude Canonne, Eduardo Constantino, Jean-Pierre Faucher, Alain Gaudebert, Michel Lanos, Sylvian Meschia, David Miller, Brigitte Penicaud, Sylvie Piaud, Gilbert Portanie, Mary Vigor.