Que la chair épouse les os
Membre Honoraire(…) Jamais réfléchies,toujours aléatoires,imparfaites ou géométriquement anodines, ses formes naissent exclusivement de la plasticité ludique de l’argile, qui s’imprime, se tord, se plie, se déchire. Parfois, des portions de l’épiderme de terre restent nues, sortant du feu ridées, faillées, ravinées – nouvelles topographies. Géodes, lames, carapaces, cataractes, tout n’ est pour l’émail que surfaces à investir, à explorer, à fusionner. Il n’est, sang de roche, rien d’ autre après tout qu’ une argile un peu plus fusible. Sur les reliefs, les aspérités, les anfractuosités, il glisse monochrome, ou en jamais plus de trois couches superposées, avec retenue – recherche de l’ effet plus que de la couleur. Dans les veines, les combes, les rides,il s’ épanche et se recueille. Effet crucial pour Jean-Pierre Chollet, toujours dans l’ empirisme volontaire, aux aguets du dialogue intime qui se noue au feu entre les rencontres provoquées. Ce qu’il attend ? Que la chair épouse les os, comme on dit en calligraphie chinoise. Un surgissement, pas un miracle, une évidence de parfaite conjonction dans les errances de deux matières en fusion. Et que se dresse dans l’ espace le fruit évident de cette rencontre: un objet céramique, une forme indubitablement existante par sa matière même. Il en résulte ces collections de terres émaillées, frustes, brutes, imprécises, mais chargées d’ évidence au regard (…)
Catherine Bourzat (extrait)